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17 Juin 2025

"Servir autrement " au KM48

 

Antoine Grand-Dufay  (SG 96-98) est parti une année avec sa famille à la frontière de la Thaïlande et la Birmanie.

Retrouvez ci-après quelques questions complémentaires à son entretien dans Servir qui lui ont été posées. 

Quelle organisation professionnelle avez-vous mise en place familialement pour partir un an à l'étranger ?

 

Antoine :

En ce qui me concerne, j’ai opté pour une année sabbatique que j’ai pu mettre en place avec l’accord de mon employeur. Cette démarche a été bien perçue en interne, notamment parce qu’elle s’inscrit dans une dynamique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). De plus en plus d’organisations valorisent ce type d'engagement personnel, surtout lorsqu’il s’agit de projets porteurs de sens.

 

Pour Camille mon épouse, la situation était différente : étant à son compte, elle a pu se mettre « off » pendant une année. C’est un choix plus audacieux, car il comporte le risque de perdre certains clients à son retour. Néanmoins, le désir de vivre une aventure en famille et de consacrer du temps à aider les plus démunis a largement pris le dessus.

 

À quoi ressemble une journée au KM48 pour les adultes et les enfants ?

 

Chaque journée au KM48 est unique. Pour Camille et moi, elle commence dès 7h par un temps de prière ou la messe avec les autres volontaires. Ensuite, nos activités varient beaucoup sans aucune routine - nous nous adaptons aux besoins du moment : entre la gestion de nos projets,  les tâches de la vie communautaire, les réunions, l’organisation des repas, l’enseignement de l’anglais en fin d’après-midi, les visites aux personnes malades ou isolées, ou encore la distribution des produits essentiels dans les quartiers birmans.

 

Pour nos enfants, la journée est plus régulière : ils vont à l’école du village de 8h à 16h, puis partagent un temps en famille avant de rejoindre un petit groupe pour apprendre l’anglais. Pendant les week-ends ou les vacances, ils nous accompagnent parfois dans nos visites ou nos missions, ce qui les aide à mieux comprendre la réalité qui les entoure.

 

En somme, chaque jour est différent, porté par les rencontres et les engagements du moment – une dynamique qui nous ressemble.

 

Quelle est la situation en matière de sécurité ?

 

Le village où nous vivons est un endroit agréable et sécurisé, offrant un cadre paisible où il fait bon vivre. 

Il n'y a pas d'agressivité, et les enfants peuvent se promener seuls sans problème. Nous avons toujours été très bien accueillis, avec des salutations quotidiennes des habitants. 

 

Malgré tout, bien que la sécurité physique soit rassurante au quotidien, nous restons vigilants, notamment lors des fêtes où l'alcool peut rendre certaines situations moins prévisibles. Nous mettons clairement des limites dans nos sorties entre volontaires ou avec nos enfants.

 

Par ailleurs, la proximité avec la Birmanie et ses conflits n'affecte pas directement notre sécurité, ces tensions se déroulant de l'autre côté de la frontière.

 

Pour ce qui est de la sécurité sanitaire, en cas de besoin, la ville de Mae sot à 48km offre des hôpitaux de qualité.

 

Cette question de la sécurité en général s'est toujours posée avec les MEP pour bien préparer notre mission. Et nous avons pu trouver un bon équilibre de ce point de vue-là. Nous ne sommes ni totalement isolés ni confrontés à des violences insoutenables.

 

Quelle est la place de la religion au quotidien ?

 

La religion occupe une place centrale dans la vie quotidienne ici. Elle ne se limite pas aux églises ou aux temples : elle se manifeste partout, dans la rue comme dans les maisons, à travers des rites, des offrandes, des prières ou la méditation. 

 

Accueillis par une communauté catholique et accompagnés de deux pères xavériens, nous participons régulièrement à des moments forts de la vie des habitants — mariages, deuils, guérisons ou réussites scolaires. Ces événements montrent une grande ouverture : chrétiens et bouddhistes s’y retrouvent et se soutiennent mutuellement.

 

Comment prévoyez-vous de maintenir le lien par la suite ?

 

Nous avons en effet créé des liens très forts, avec des personnes du village. Alors oui, c’est difficile de partir en sachant qu’on ne se reverra peut-être pas. Mais on fera tout pour rester en contact, grâce aux messages, aux appels, aux photos… Même si ce ne sera plus pareil, ces liens comptent trop pour les laisser disparaître.

 

Nous continuerons aussi à échanger avec le Père Alex, et à suivre les projets que nous avons lancés avec lui. On reste connecté !

 

Enfin, nous avons décidé de parrainer un enfant d'un quartier birman du village, un petit garçon que les enfants connaissent bien. Ce sera notre façon de rester liés, de continuer à soutenir, même de loin.

 

Avec quel état d’esprit rentrez-vous en France ? Qu’est-ce qui va changer, selon vous ?

 

Nous rentrons avec un mélange de tristesse et de joie. Tristes de quitter les gens et cette vie simple que nous avons aimée. Mais aussi très reconnaissants pour tout ce que nous avons vécu et appris. Nous sommes fiers du chemin parcouru ensemble avec les personnes.

 

Cette mission nous a fait grandir. Elle nous a montré que même de petits gestes peuvent avoir un vrai impact, et que rien ne se fait seul. Certains projets auraient pris beaucoup plus de temps sans la contribution de nos donateurs et des personnes du village qui ont coopéré. C’est motivant de voir que l’engagement, même modeste, peut vraiment faire avancer les choses.

 

Nous revenons aussi avec un regard différent. Vivre au contact d’autres cultures, entendre des histoires de vie fortes, notamment de migrants, change notre façon de voir le monde. Ces histoires, ces visages nous obligent désormais à regarder autrement ces enjeux, y compris chez nous.

 

Enfin, cette expérience nous a appris à ralentir, à être plus disponibles pour les autres. Ce ne sera pas facile de retrouver notre rythme d’avant. Il nous faudra du temps pour nous réadapter. Mais ce qu’on a vécu, on ne veut pas le garder pour nous. On a envie de le partager, simplement, pour montrer qu’un autre rapport au monde est possible.

 

Propos recueillis par Ariane Bouet déléguée générale à la Fondation Ginette

 

 

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