"Entreprendre, une aventure humaine"
NOTRE NOUVELLE TABLE RONDE "ENTREPRENDRE, UNE AVENTURE HUMAINE"
« Entreprendre, une aventure humaine », thème de notre TABLE RONDE initiée pour la 1ère fois lors de notre grande Journée des Alumni 2023.
Vaste sujet, abordé sous l’angle humain à travers l’expérience de trois invités. Un thème choisi parce qu’en rapport avec nos préoccupations contemporaines, notamment les jeunes mais aussi parce qu’en lien avec notre tutelle et donc l’école. La pédagogie jésuite, ou éduquer, accompagner la personne dans toutes ses dimensions; le fameux magis, dans le sens de créer, entreprendre…
J’aimerais pour vous partager des extraits des échanges qui ont eu lieu. Ils vous inspireront peut être aussi pour entreprendre un projet, quelque soit son ampleur…
Nous avions donc trois invités, 3 hommes (les femmes ne pouvaient pas), tous ingénieurs. J’ajouterais qu’il n’y avait aucune volonté d’être sexiste ou sectaire.
Tout d’abord, le père Claude Philippe, jésuite et préfet à Ginette des filières MP et PSI depuis septembre dernier. Huit années dans le monde professionnel comme consultant en conduite du changement puis jésuite depuis 16 ans ; il a notamment repensé le projet du centre Penboc’h (56) puis travaillé comme directeur de la maison Magis (Paris VI), qui accueille notamment un espace de coworking. Il est donc aussi un entrepreneur à sa façon.
Deux autres invités, tout aussi brillants, alumni de Ginette, venus nous partager leur aventure entrepreneuriale.
Alexandre Pham, Sainte Geneviève 1992/1994, classe MP, qui a créé Mistertemp. « C’est un groupe de recrutement et de travail temporaire, lancé en 2009. Il représente aujourd’hui 180 agences en France, Italie et Canada. Il emploie 700 personnes en interne et fait travailler tous les jours 8000 personnes. »
Clément Dubois, Sainte Geneviève 2014/2016, filière PT, qui vient de créer sa société Epilab qui produit un test de triage tout terrain pour le diagnostic de la tuberculose.
Répondant en toute simplicité et vérité à des questions, Alexandre et Clément nous ont permis d’appréhender leur quotidien et « vivre » leur aventure, le tout avec humour.
Voici quelques extraits de ces échanges.
Ils nous ont raconté la genèse de leur idée et ce qui leur a donné envie d’entreprendre.
Alexandre : « j’avais déjà eu une expérience entrepreneuriale de « start-up » en 1999, qui n’a pas fonctionné (site communautaire pour étudiants – genre Facebook mais sans le même succès, rires !). Entretemps, reparti comme salarié dans une société dont la fusion se passe mal, je décide de repartir en tant qu’entrepreneur, dans un secteur que je connaissais déjà. Evidemment, les 2 ans au Pole Emploi limitent les risques ! »
Clément : J’ai été inspiré par Arnaud, l’entrepreneur d’une start-up chez qui j’ai fait mon stage. « Et puis j’avais envie de travailler pour un produit scientifique qui soit une réelle réponse à un problème et j’ai noté qu’il existait de nombreux brevets inexploités de la recherche française… ».
En dehors de cette envie de plus d’autonomie, de liberté (choisir ses collaborateurs, ne rien se voir imposer sans validation, sans compréhension totale des enjeux), c’est aussi l’idée de prendre son destin en main qui donne envie d’entreprendre; l’envie de construire, d’être utile et de transmettre selon son mode de management. Mais aussi de façon plus surprenante, de pouvoir être plus sédentaire.
Ils nous ont ensuite dit comment leurs années à Ginette avaient pu les interpeller.
Les valeurs fortes transmises à Ginette permettent de traiter ses collaborateurs avec humanité; « le milieu professionnel, surtout dans les grands groupes, peut être si aliénant ».
C’est aussi la pédagogie générale sur « l’esprit de corps » (trinôme, reconnaître un leader) qui apprend à faire attention aux autres, à pouvoir avoir une véritable admiration pour toute son équipe, à trouver un objectif commun, l’esprit scientifique et cet équilibre corps/esprit qui permet de tenir.
Je leur ai ensuite demandé leurs points d’ancrage et s’ils avaient un message à donner
Il est essentiel d’avoir certaines qualités humaines, d’écoute avec ses collaborateurs, clients, fournisseurs ; savoir se remettre en questions mais surtout être bien entouré (avoir un équilibre de vie pour une bonne santé et être soutenu par sa famille), croire en sa chance, avoir un peu de folie, d’optimisme, d’audace mais aussi de confiance en soi.
Alors, même si les soucis n’arrêtent jamais car « on est branché tout le temps » ; même si, au début, chaque semaine, on reçoit une nouvelle qui peut mettre à plat tout notre projet ; même si « tout repose sur ses épaules » ce qui engage fortement, surtout quand les résultats ne sont pas là, cela vaut le coup. En effet, voir grandir et s’épanouir les individus, faire émerger des idées grâce aux échanges, obtenir des réussites ponctuelles, être fiers ensemble d’avoir construit une équipe soudée, apprendre tous les jours et accepter parfois l’échec, tous ces points positifs contrebalancent les difficultés.
Aussi ont-ils conclu « allez-y, créez quelque chose à votre image, transmettez ce que vous avez appris et séparez-vous de ce que vous voudriez enlever ! Cela vaut le coup d’essayer; n’oubliez pas, les Américains disent qu’il y a plus de chance de réussir la 2ème fois que la 1ère. »
Puis Claude, au regard de ce qui avait été échangé est venu affiner notre réflexion, notamment sous l’éclairage de Dieu ; voici encore quelques extraits !
Entreprendre existe depuis toujours… mais il semblerait que, depuis quelques années, l’entreprenariat se repositionne. Il y a comme un changement sociétal. Les jeunes sont moins désireux qu’auparavant de travailler dans un grand groupe mais préfèreraient prendre leur destin en main et créer leur propre structure. J’en ai été plusieurs fois le témoin dans le Cowork Magis, où je retrouve un certain nombre d’anciens bjiens.
Par ailleurs, nous notons aussi que les Grandes Ecoles souhaitent de plus en plus insuffler à leurs élèves une véritable culture entrepreneuriale. Il leur est proposé notamment des formations à l’entreprenariat et à l'innovation.
Mais prenons un peu de hauteur... avec Dieu, directement !
En Genèse 2, Dieu aurait comme voulu se limiter pour confier aux êtres humains une mission particulière : être co- créateur avec lui pour construire un monde plus juste et solidaire.
Dieu compte sur notre coopération et il veut agir avec nous. Il ne nous laisse pas seuls ! …
Construire quelque chose de nouveau en essayant d’être uni à Dieu, d’être à l’écoute de l’Esprit donne de la joie. Une joie profonde qui vient de plus haut. D’ailleurs, la notion de joie est revenue souvent dans les témoignages d’Alexandre et de Clément.
En Genèse 12, Yahvé dit à Abraham de quitter son pays, sa parenté « pour le pays que je t’indiquerai». Il dit aussi qu’il le bénira et qu’il sera fécond. Mû par cette promesse, Abraham se mit en route, il reçut un nouveau pays et eut un fils Isaac.
Cette mise en mouvement n’est pas sans lien avec le Magis, qui est un des principales caractéristiques de la spiritualité ignatienne. C’est une invitation à faire un pas de plus, un pas de plus vers Dieu, à donner le meilleur de soi-même avec ce qu’on a.
Le Magis invite à expérimenter, entreprendre, oser le nouveau et l’impensé, à « trouver Dieu en toutes choses ». Ainsi Clément nous dit « jeune chef d’entrepreneur, je me surprends à contacter le plus grand expert aux EU. Et l’expert est ravi de me répondre ! »…
Merci à nos 3 invités pour leur participation.
Merci à Claude pour cet éclairage.
Merci à Clément et Alexandre pour leur optimiste et leur punch si communicatifs, source peut-être d’inspiration…
Merci aux Bjiens et Bjiennes présents qui ont nourri nos échanges avec leurs questions ou interventions.
Aussi je me permettrais de conclure en empruntant à St Jean Paul II sa célèbre phrase « N’ayez pas peur » !
Alors à bientôt pour une nouvelle table ronde… J
Sabine de Laigue, animatrice de la Table Ronde.
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